La doctrine de police de proximité congolaise
Au sein de l’architecture sécuritaire du Congo-Brazzaville, la police de proximité occupe depuis plusieurs années une place déterminante. Inspirée des meilleures pratiques internationales, cette doctrine vise à substituer à la logique strictement coercitive une relation de confiance durable entre forces de l’ordre et citoyens. Sous l’impulsion du général André Fils Obami-Itou, le Commandement des Forces de police entend consolider ce modèle, convaincu que l’ancrage communautaire constitue le premier rempart contre la criminalité émergente, notamment juvénile.
Le sport, vecteur stratégique de prévention
C’est dans cet esprit qu’a été lancé, le 6 août dernier, au stade Ornano, un tournoi de football réservé aux catégories U13 et U20. Seize équipes, issues principalement de Brazzaville mais aussi d’Ignié et d’Ouesso, s’affrontent pendant cinq jours. Au-delà de l’affiche sportive, le projet s’analyse comme un dispositif de sécurité préventive : occuper le temps libre des adolescents, structurer leur énergie, et offrir une alternative à l’oisiveté, souvent identifiée comme fertilisante de la délinquance urbaine. Le colonel-major Hugues Ondongo, président du comité d’organisation, l’a rappelé : « La prévention et la sensibilisation constituent le socle de notre stratégie. »
Un maillage institutionnel exemplaire
La valeur ajoutée de l’initiative réside dans la synergie institutionnelle qu’elle suscite. La présence conjointe du ministre de l’Enseignement technique et professionnel, du secrétaire exécutif du Conseil consultatif de la jeunesse et de la maire d’Ignié témoigne d’une gouvernance intégrée où les acteurs éducatifs, sportifs et sécuritaires convergent autour d’un objectif commun. En offrant à la jeunesse des espaces régulés d’expression, la police renforce son capital de légitimité et réduit la distance perçue avec les populations, une dimension régulièrement soulignée par les analystes de la sécurité intérieure en Afrique centrale.
Rayonnement national et dimension diplomatique
Si l’événement est local, ses retombées dépassent le périmètre du terrain. En misant sur une communication mesurée mais résolument positive, les autorités entendent projeter à l’international l’image d’une force publique modernisée, axée sur la prévention et l’inclusion. Les partenaires bilatéraux, qu’ils soient européens, asiatiques ou issus du continent, observent avec intérêt les expérimentations congolaises en matière de soft power sécuritaire. L’implication assumée de la hiérarchie policière dans un tournoi de jeunes constitue, à cet égard, un message diplomatique : la stabilité se construit aussi par la cohésion sociale.
Perspectives opérationnelles et enjeux futurs
L’expérience d’Ornano ouvre des pistes de pérennisation. À moyen terme, le Commandement des Forces de police projette d’inscrire ce tournoi dans un calendrier annuel, en y adjoignant des ateliers de sensibilisation aux cyber-risques et aux drogues de synthèse, fléaux qui gagnent les villes secondaires. L’intégration du secteur privé – équipementiers, sociétés minières, opérateurs télécoms – pourrait, par ailleurs, assurer un financement durable tout en renforçant la responsabilité sociétale des entreprises. Enfin, le suivi statistique des indicateurs de délinquance dans les arrondissements concernés permettra d’évaluer objectivement l’impact de l’approche sportive sur la sécurité publique.