Congo-Sénégal : l’axe parlementaire qui renforce la défense

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Une courtoisie qui ancre la sécurité dans le dialogue

Le 18 septembre 2025, l’Assemblée nationale congolaise s’est muée en théâtre d’une diplomatie feutrée mais déterminante : son président, Isidore Mvouba, accueillait l’ambassadeur du Sénégal, Ousmane Diop, pour un échange qualifié de « visite de courtoisie ». Derrière les formules protocolaires, les deux hommes ont rappelé la nécessité de traduire l’amitié congolo-sénégalaise en initiatives concrètes de stabilisation régionale, rappelant qu’aucune stratégie de sécurité ne peut prospérer sans soutien politique solide. « Je tiens à saluer la dextérité avec laquelle le président Mvouba guide les travaux d’un hémicycle essentiel à la paix nationale », a souligné le diplomate, esquissant un lien direct entre gouvernance parlementaire et résilience sécuritaire.

Un groupe d’amitié centré sur la défense et le contrôle démocratique

Au cœur de l’entretien figure la création annoncée d’un groupe d’amitié entre les deux parlements, appelé à devenir l’ossature d’un dialogue structuré sur les questions de défense. Les présidents de commission en charge des forces armées des deux Chambres devraient y trouver un forum pour croiser leurs expériences en matière de budget, de suivi des opérations extérieures et de modernisation des équipements. Si la démarche emprunte aux codes de la diplomatie classique, elle porte surtout l’ambition d’aligner les cadres juridiques des deux États sur les standards LES plus exigeants de transparence et d’efficacité, gage d’une crédibilité accrue auprès des partenaires internationaux.

Synergies navales face aux menaces du Golfe de Guinée

Dans un contexte où la piraterie, la pêche illicite et les trafics illicites grèvent la sécurité maritime, la dimension navale a occupé une place substantielle dans la conversation. Brazzaville et Dakar partagent un littoral ouvert sur la même aire stratégique, le Golfe de Guinée, classée zone à risques par le Conseil de sécurité des Nations unies. Les deux diplomates ont évoqué la perspective d’exercices conjoints entre la Marine nationale congolaise et la Marine sénégalaise, adossés à la future école régionale de sécurité maritime de Pointe-Noire. L’objectif est d’unifier les procédures d’intervention, des patrouilles de surface aux volets ISR, afin de sécuriser la route des hydrocarbures et d’assurer la libre circulation des biens.

Formation et interopérabilité des forces terrestres

Le dialogue a également porté sur l’entraînement des contingents terrestres, notamment ceux déployés sous la bannière de l’Union africaine ou des Nations unies. Les académies militaires de Saint-Louis et de l’École militaire de réserve du Congo pourraient mettre en place un programme d’échanges d’instructeurs, visant à harmoniser les cursus de commandement intermédiaire et à intégrer des modules de droit international humanitaire. En partageant leurs retours d’expérience des théâtres sahéliens et centrafricains, les deux armées entendent consolider une culture opérationnelle commune qui optimise la réactivité face aux crises.

Le contrôle parlementaire, garant de la performance stratégique

Les bonnes pratiques en matière de contrôle et d’évaluation des politiques publiques, sujet cher aux deux délégations, prennent tout leur relief lorsque l’on aborde la question de la programmation militaire. Le président Mvouba a rappelé que la loi congolaise de finances encadre désormais des crédits dédiés au Maintien en Condition Opérationnelle, tandis que le Sénégal expérimente un rapport public annuel sur la performance des forces armées. L’échange d’analystes budgétaires entre les deux Assemblées, prévu dès 2026, devrait affûter les capacités nationales de négociation avec les fournisseurs étrangers et les bailleurs multilatéraux.

Patrimoines enlacés et influence positive sur la jeunesse

Au-delà des dossiers techniques, la rencontre a réveillé la mémoire d’une fraternité remontant à l’époque coloniale. Ousmane Diop a rappelé la figure du sergent sénégalais Malamine Camara, défenseur de Brazzaville au XIXᵉ siècle, ainsi que l’implication des compatriotes de Dakar dans la construction du Chemin de fer Congo-Océan. Ces références nourrissent une narration stratégique commune, essentielle à la cohésion des opinions publiques. L’ambassadeur s’est enfin réjoui de voir la jeunesse africaine puiser inspiration dans l’action du président Denis Sassou Nguesso, dont la médiation libyenne illustre, selon lui, « l’autorité morale et l’expérience requises pour pacifier le continent ».

Perspectives : vers un axe parlementaire Sud-Sud de référence

L’audience s’est conclue sur un engagement bilatéral à multiplier les missions croisées. Le président de l’Assemblée nationale du Sénégal devrait se rendre à Brazzaville dans les prochains mois, tandis qu’une délégation congolaise est attendue à Dakar pour examiner l’écosystème industriel sénégalais des drones tactiques. Ces déplacements concrétiseront la volonté de présenter au prochain sommet de l’APF une feuille de route commune sur le soutien logistique, la cybersécurité et la lutte contre la désinformation. À travers cette articulation vertueuse entre diplomatie parlementaire et impératifs de défense, le Congo et le Sénégal entendent démontrer que la coopération Sud-Sud peut se hisser au rang de vecteur majeur de stabilité africaine.

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