Une audience hautement protocolaire
Arrivé en juillet à Brazzaville, Victorino-Nkâ Obiang Maye, nouvel ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Guinée équatoriale, a été reçu le 4 septembre 2025 par Isidore Mvouba, président de l’Assemblée nationale du Congo. L’entretien, inscrit dans le calendrier républicain des présentations de lettres de créance, a revêtu un caractère solennel reflétant la profondeur des liens nourris entre les deux États voisins.
Au-delà des salutations d’usage, la rencontre a fourni un espace de dialogue institutionnel destiné à mettre en lumière l’excellence des rapports de bon voisinage. Les parties se sont attachées à souligner la convergence de vues entre leurs gouvernements et leurs populations, rappelant que la vitalité des partenariats parlementaires contribue à ancrer la coopération bilatérale dans la durée.
Revitaliser la coopération interparlementaire Congo–Guinée équatoriale
Le cœur de l’échange a porté sur la relance du mécanisme de coopération liant les deux Chambres. Victorino-Nkâ Obiang Maye a rappelé que députés congolais et équato-guinéens se côtoient régulièrement au sein de tribunes internationales telles que l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, l’ACP-UE ou encore l’Union parlementaire. Ces plateformes multilatérales constituent, selon ses propres termes, « des vecteurs de contacts réguliers et d’entente cordiale ».
La mission assignée au nouvel ambassadeur consiste dès lors à servir de trait d’union entre Brazzaville et Malabo pour que ces échanges sortent du seul cadre protocolaire. Le diplomate a évoqué son intention de « dynamiser le fonctionnement de l’organe chargé de la coopération extérieure et de revitaliser la grande commission de coopération ». Mentionner explicitement cet objectif témoigne d’une volonté d’opérationnaliser des dossiers communs, en particulier ceux qui requièrent un suivi parlementaire étroit.
Les Assemblées, pivot discret de l’architecture sécuritaire
Si les interlocuteurs n’ont pas détaillé l’ensemble des thématiques appelées à figurer à l’agenda, le rappel permanent de la notion de coopération confère aux législateurs un rôle de facilitateur sur les questions de défense et de sécurité. Dans la plupart des États modernes, les commissions permanentes spécialisées exercent un contrôle démocratique sur les budgets de la défense, l’emploi des forces et la ratification d’accords militaires. Le rapprochement annoncé pourrait dès lors se traduire, à moyen terme, par une concertation renforcée sur les instruments juridiques nécessaires à la sûreté intérieure et à la stabilité régionale.
Ce positionnement parlementaire complète l’action des exécutifs sans jamais s’y substituer. Il permet d’inscrire le dialogue sécuritaire dans une logique de transparence vis-à-vis des citoyens et d’anticipation des défis communs. Dans un environnement sous-régional marqué par diverses formes de criminalité transfrontalière, l’existence d’une commission conjointe représente un atout procédural pour harmoniser les cadres législatifs et soutenir les forces défense et sécurité dans l’exécution de leurs mandats.
L’avantage institutionnel de Victorino-Nkâ Obiang Maye
Le diplomate équato-guinéen n’a pas manqué de souligner qu’il occupa, pendant deux ans, la fonction de secrétaire général du Sénat de son pays. Cette expérience parlementaire de premier plan lui confère, selon ses propres mots, « un certain avantage » dans la compréhension des rouages législatifs ainsi que des attentes protocolaires des élus.
Représentant officiel du chef de l’État équato-guinéen à Brazzaville, il se considère également comme « intermédiaire entre les deux Chambres ». Son double ancrage, diplomatique et parlementaire, constitue un capital politique rare qui devrait fluidifier la communication institutionnelle, faciliter la préparation de missions d’information réciproques et promouvoir des cadres de travail bilatéraux à périodicité régulière.
Perspectives et attentes prudentielles
Au terme de l’audience, le diplomate a insisté sur le caractère essentiellement protocolaire de sa visite, précisant qu’il s’agissait « de se présenter » aux autorités congolaises. Il n’en demeure pas moins que la tonalité du discours laisse entrevoir une étape préparatoire à des initiatives plus substantielles. Les observateurs noteront que la revitalisation d’une grande commission de coopération témoigne d’une volonté de passer d’une diplomatie de constat à une diplomatie d’action, où les parlements deviennent coproducteurs des politiques publiques communes.
Dans l’immédiat, aucune échéance ou feuille de route détaillée n’a été rendue publique. La réserve affichée par les protagonistes peut être interprétée comme un gage de méthode : privilégier la consolidation du dialogue politique avant de dévoiler, le moment venu, des projets exigeant des ratifications ou des budgets spécifiques. Cette approche graduelle permettrait d’éviter les écueils liés aux annonces prématurées et de ménager les calendriers législatifs respectifs.
En réaffirmant « l’excellence » des relations bilatérales et en misant sur la diplomatie parlementaire, Brazzaville et Malabo rappellent que la sécurité collective se prépare aussi dans les hémicycles. La rencontre du 4 septembre, bien que brève au regard du registre diplomatique, participe d’une stratégie d’alignement institutionnel qui, à terme, peut consolider la résilience des deux nations face aux défis contemporains.