Sécurité routière, pilier de la défense intérieure
Depuis le 24 septembre, à Brazzaville, des unités de la Police nationale et de la Gendarmerie travaillent sous un même hangar d’instruction : apprendre, calibrer et manipuler deux radars mobiles ultramodernes. Derrière la technicité de l’exercice, l’enjeu est stratégique : les accidents de la circulation constituent l’une des premières causes de désorganisation sociale et de pertes humaines en temps de paix. En protégeant ses axes routiers, l’État renforce la continuité d’action des services essentiels, de la logistique militaire et du maillage territorial des forces de sécurité. Le directeur général des transports terrestres, Atali Mopaya, le rappelle : « L’objectif est de consolider des routes sûres pour tous. »
- Sécurité routière, pilier de la défense intérieure
- Partenariat technologique germano-congolais
- Capacités nouvelles pour les forces de sécurité
- eTraffrika : vers une gestion intégrée des infractions
- Vers l’objectif 2030 : réduction de 50 % des accidents
- Une gouvernance routière au service de la résilience nationale
Partenariat technologique germano-congolais
Les radars délivrés à cette phase pilote proviennent de l’entreprise allemande Jenoptik et ont été acquis par la Direction générale des transports terrestres dans le cadre d’un accord conclu avec La Congolaise des frets, maison mère du groupe Karity. La chaîne de contractualisation révèle un modèle de partenariat public-privé qui sécurise l’investissement étatique tout en transférant un savoir-faire reconnu au niveau international. Jenoptik mobilise sur place ses formateurs afin de garantir, sans rupture, la montée en compétence des opérateurs congolais et le suivi technique post-déploiement. Ce dispositif illustre la volonté nationale de s’ouvrir à des solutions éprouvées et, ce faisant, d’aligner la sécurité routière sur des standards internationaux sans alourdir la charge budgétaire du ministère de l’Intérieur.
Capacités nouvelles pour les forces de sécurité
La formation associe lecture des données, maintenance préventive et procédures de verbalisation. À Pointe-Noire comme à Brazzaville, les radars seront positionnés sur des itinéraires jugés critiques après analyse des statistiques d’accidentologie. Le capitaine Jean Bruno Sande, à la tête de l’Unité territoriale de la circulation routière, insiste sur la dimension pédagogique de l’opération : « Nous ciblons les excès de vitesse, mais nous voulons d’abord faire prendre conscience du risque. » Pour les forces intérieures, le nouvel outil change l’économie du contrôle : mobilité tactique, preuve numérique horodatée et interconnexion immédiate avec les bases de données ouvrent la voie à un contrôle plus fin et moins conflictuel avec les usagers.
eTraffrika : vers une gestion intégrée des infractions
Interface logicielle développée par l’équipe de Youssouf Fatiga, eTraffrika constitue la colonne vertébrale numérique du projet. En agrégeant marques de véhicules, documents administratifs et antécédents routiers, la plateforme alimente en temps réel les opérateurs radar et facilite le recouvrement des amendes. Au-delà de la simple contravention, elle devient un capteur de renseignement d’intérêt intérieur : croisement d’identités, traçabilité des flux de véhicules et historisation des comportements à risque. Par cet outil, la police et la gendarmerie se dotent d’une capacité d’analyse qui peut, à terme, contribuer à la prévention plus large des trafics illicites ou de la criminalité organisée sur les corridors stratégiques du pays.
Vers l’objectif 2030 : réduction de 50 % des accidents
La feuille de route gouvernementale fixe une réduction de moitié des accidents mortels d’ici à 2030, engagement pris dans la déclaration de Marrakech. La mise en service des radars mobiles n’est qu’une étape : une campagne de sensibilisation de grande ampleur doit suivre, car, comme le souligne Atali Mopaya, « 80 % des accidents découlent de comportements inappropriés ». En adossant la coercition technologique à l’éducation routière, le Congo épouse une démarche complète : dissuasion pour les plus récalcitrants, responsabilisation pour le plus grand nombre. Dans cette logique de résilience, chaque infraction évitée renforce la disponibilité opérationnelle des forces, libérées d’interventions d’urgence répétitives et coûteuses.
Une gouvernance routière au service de la résilience nationale
Le déploiement pilote concentre bien plus qu’une innovation technique ; il participe d’une réforme structurelle où la sécurité routière devient un maillon de la gouvernance sécuritaire globale. En équipant ses forces de moyens modernes et interopérables, le Congo consolide la liberté de circulation, facteur essentiel de développement économique et d’intégration régionale. À terme, l’expérience pourrait être dupliquée sur d’autres axes majeurs, élargissant le réseau de points de contrôle intelligents et pérennisant la culture de prévention au sein des forces. Par cette approche graduée, pragmatique et orientée résultat, le pays se donne les moyens d’atteindre son horizon 2030, tout en projetant l’image d’une administration qui associe efficacité technologique, souveraineté décisionnelle et sens aigu de la responsabilité envers ses citoyens.