Dynamique opérationnelle des secours civils
Le rapport présenté le 9 octobre à Brazzaville par le général Albert Ngoto, commandant de la sécurité civile, confirme que 21 627 citoyens ont déjà bénéficié d’une assistance directe depuis le début de l’année. Derrière cette statistique se lit la montée en puissance d’un dispositif dont la mission première consiste à préserver la continuité des activités publiques sensibles, au premier rang desquelles les examens d’État. À la faveur d’une planification affinée, l’action des équipes de secours s’inscrit désormais dans le triptyque prévention-projection-protection cher à la doctrine congolaise de résilience nationale.
En neuf mois, l’intensité opérationnelle a connu une progression de 12,25 % par rapport à la même période de l’exercice précédent, soit 2 650 interventions supplémentaires. Les services ne se cantonnent plus aux grands centres urbains : ils se projettent vers des zones jadis difficilement accessibles, à la faveur d’une cartographie des risques actualisée et d’une coordination étroite avec les autorités préfectorales. Cet élargissement concourt à la crédibilité intérieure de la force publique, tout en renforçant la perception d’un État protecteur et proche des populations.
Maillage territorial et logistique déployée
Brazzaville concentre, avec 7 905 cas, près de 37 % des opérations recensées, reflet logique de la densité démographique de la capitale et de la tenue simultanée des épreuves nationales. Toutefois, la Sangha (1 934 cas), Pointe-Noire–Kouilou (1 863 cas) et la Likouala (1 707 cas) témoignent d’une vitalité opérationnelle qui confirme la réalité de la décentralisation sécuritaire voulue par les autorités. La courbe géographique des déploiements illustre la bascule progressive d’un modèle centralisé vers une architecture en nœuds multiples, capable d’absorber les chocs sanitaires ou accidentels sans dépendre exclusivement de la capitale.
Derrière chacune de ces sorties se cache un effort logistique conséquent : en moyenne, 425 agents et 37 véhicules sont mobilisés par session d’examen. Le colonel-major Serge Pépin Itoua Poto détaille ainsi un total de 1 700 personnels engagés, soutenus par quelque 15 000 litres de gasoil et 5 000 litres d’essence. L’agrandissement de la flotte d’ambulances – et l’introduction progressive de motos médicalisées pour les pistes forestières – apporte la souplesse indispensable aux délais d’intervention. Ces chiffres traduisent la volonté gouvernementale d’investir dans un outil de secours dual, à la fois civil dans sa finalité et militaire dans sa rigueur d’exécution.
Tendances pathologiques et implication sanitaire
La statistique des pathologies traitées livre un aperçu utile à la planification sanitaire. Les céphalées restent dominantes avec 6 422 cas, devant le paludisme (2 307 cas), les syndromes grippaux (2 126 cas) et la dysménorrhée (1 354 cas). Cette hiérarchie, stable depuis trois ans, renvoie autant à la pénibilité des conditions d’examen qu’au poids toujours sensible du paludisme endémique. En corrélant ces tendances avec les données météorologiques et l’état d’avancement de la campagne antipaludique, les états-majors civils et militaires adaptent leurs stocks de traitements et leurs dispositifs de prévention.
L’accent mis sur l’évacuation sanitaire – 49 transferts hospitaliers recensés – reflète la maturité du protocole de triage mis en place par la sécurité civile. Les centres hospitaliers universitaires de Brazzaville et de Pointe-Noire, points d’appui indispensables, ont bénéficié d’une liaison radio chiffrée permettant de transmettre le bilan médical dès la prise en charge. Cette interopérabilité, issue des exercices conjoints menés avec les Forces armées congolaises, s’avère décisive pour la survie des cas graves et témoigne d’une approche globale de la sécurité humaine.
Synergies ministérielles et chaînes de commandement
Le bilan 2024 illustre la coopération étroite entre le ministère de l’Intérieur, pilote de la sécurité civile, et les ministères des Enseignements général et technique, financeurs d’appoint des campagnes de secours. Interrogé en marge de la présentation, un conseiller du ministre Guy Georges Mbaka rappelle que « la sécurité des candidats participe de la souveraineté éducative ». En coulisses, les états-majors de gendarmerie et de police veillent à la sécurisation des axes d’évacuation et à la fluidité des convois. Cette intégration interministérielle consacre la méthode voulue par le président Denis Sassou Nguesso : transversalité des moyens, solidarité des objectifs.
Sur le terrain, la chaîne de commandement demeure claire : le général Ngoto fixe la posture d’ensemble, tandis que les commandants départementaux déclinent les ordres en micro-plans d’intervention. Le retour d’expérience des sessions précédentes a conduit à indexer l’effectif projeté sur la densité prévisionnelle des salles d’examen, limitant ainsi les sur-effectifs et optimisant la consommation de carburant. Ce souci d’efficience, très marqué dans les nouveaux outils budgétaires de performance, permet de concilier impératifs de maîtrise des dépenses publiques et renforcement de la sécurité intérieure.
Cap 2025 : extension des capacités de proximité
À court terme, la sécurité civile vise 56 localités desservies, contre 45 l’an passé. L’installation de postes avancés dans la Cuvette-Ouest et le Niari, adossés à des Infrastructures d’intérêt public, figure déjà dans la planification. Le principe est simple : apporter un premier échelon de secours à moins de trente minutes de toute salle d’examen. Outre le gain en réactivité, cette présence contribue à la dissuasion d’actes d’incivisme et renforce la confiance des communautés envers l’État.
Le chantier technologique représente l’autre axe majeur. Une application mobile de géolocalisation des incidents, développée par la Direction générale des systèmes d’information du ministère, sera testée dès la session de juin prochain. Couplée à un réseau de radios numériques sécurisées, elle offre la perspective d’un commandement quasi temps réel, à l’image des centres tactiques militaires modernes. « Nous voulons capitaliser sur l’expertise de nos forces armées en matière de conduite d’opérations pour gagner de précieuses minutes sur le terrain civil », confie un officier projet. Ainsi se dessine une convergence féconde entre défense, sécurité intérieure et protection des citoyens, pilier de la stabilité congolaise à l’horizon 2025.