Budget 2026 : rigueur financière, gains pour la Défense

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Un cap budgétaire guidé par la souveraineté

Devant la Haute chambre le 30 octobre, le ministre des Finances et du Budget, Christian Yoka, a exposé un projet de loi de finances ramené à 2 501,4 milliards de F CFA, soit une contraction modérée par rapport à l’exercice 2025. Ce recentrage volontaire s’inscrit dans la trajectoire triennale 2026-2028 et réaffirme que la soutenabilité macroéconomique constitue un préalable à toute ambition stratégique. En dégageant un excédent de 280,4 milliards, l’exécutif préserve la capacité de l’État à financer ses missions régaliennes dans un environnement encore marqué par les tensions sécuritaires régionales. Le souci de rigueur n’est donc pas un simple exercice comptable ; il vise à consolider la souveraineté nationale, dont la défense est l’un des piliers essentiels.

Discipline financière : socle de la résilience stratégique

Le ministre a rappelé que la réduction rapide du stock de dette et la compression des charges financières libèrent des marges pour les dépenses productives. Si le texte n’isole pas explicitement le volume alloué à la défense, il acte néanmoins une logique nouvelle : avant d’armer, il faut assainir. La mise en œuvre de la budgétisation par programmes renforcera le suivi des crédits opérationnels des Forces armées congolaises, en particulier ceux dédiés à la préparation et au maintien en condition des équipements. Pour les états-majors, la visibilité pluriannuelle apporte la prévisibilité indispensable aux cycles d’entretien majeur et aux engagements dans les coopérations CEMAC, tout en consolidant la résilience budgétaire face aux chocs exogènes.

Transparence et Compte unique du Trésor : un atout pour la logistique militaire

La centralisation des recettes publiques au Trésor et, surtout, la création d’un Compte unique constituent l’un des volets structurants du texte. En rationalisant les flux financiers, le gouvernement espère raccourcir les délais de paiement et fiabiliser la traçabilité des dépenses. Pour la chaîne logistique militaire, souvent tributaire de procédures fragmentées, cette réforme promet de réduire les ruptures de trésorerie qui retardent les opérations de maintenance ou l’approvisionnement en pièces détachées. Elle devrait également renforcer le contrôle interne et limiter les redondances d’achats, deux préalables à une politique d’équipement soutenable. Ainsi, la discipline comptable se double d’un gain opérationnel direct pour les forces déployées.

Digitalisation fiscale et synergie cyberdéfense

Parmi les mesures phares, la digitalisation du recouvrement fiscal et la bancarisation des salaires publics irriguent aussi la sphère sécuritaire. L’automatisation du prélèvement crée une masse de données sensibles qui appelle une posture accrue de cyberdéfense étatique. Les services spécialisés de la Direction générale de la surveillance du territoire y voient l’occasion de développer des capacités de veille, tandis que les unités du Groupement interministériel de lutte contre la cybercriminalité pourront calibrer leurs effectifs en fonction des nouveaux flux. En unissant modernisation fiscale et sécurisation numérique, Brazzaville tisse ainsi un continuum finance-sécurité qui réduit les vulnérabilités systémiques et protège les recettes destinées aux programmes de modernisation des armées.

Allégements fiscaux et écosystème industriel de défense

La baisse de l’impôt sur les sociétés de 30 % à 25 % ouvre un espace de compétitivité pour les petites et moyennes entreprises nationales, y compris les ateliers de maintenance aéronautique ou navale qui soutiennent les forces. En améliorant leur marge, la mesure encourage la relocalisation de segments industriels stratégiques et accroît la profondeur de la base de fournisseurs congolais. Pour les opérateurs étrangers intéressés par des partenariats de production ou de transfert de technologies, cet incitatif fiscal constitue un signal de stabilité. La cohérence entre politique industrielle et politique de défense se trouve ainsi renforcée, contribuant à l’autonomie capacitaire du pays et à la création d’emplois qualifiés.

Relance sociale : ciment de la cohésion nationale et facteur de sécurité

Le volet social du budget, marqué par l’exonération de l’impôt sur les salaires pour les plus bas revenus, vise à consolider la cohésion nationale. Une population moins exposée aux fragilités économiques est aussi moins sensible aux discours de déstabilisation et aux trafics transfrontaliers. En agissant sur le pouvoir d’achat, l’exécutif renforce indirectement la sécurité intérieure, en particulier dans les zones urbaines où les forces de police sont confrontées à la petite criminalité et aux risques de violences sociales. Cette synergie vertueuse entre relance et stabilité réduit la pression opérationnelle sur les forces de sécurité et libère des effectifs pour les missions de haute intensité.

Vers une planification interministérielle 2026-2028

En synthèse, le projet de loi de finances 2026 trace la convergence entre impératifs macroéconomiques et priorités régaliennes. La trajectoire triennale annoncée par Christian Yoka crée les conditions d’une planification interministérielle où chaque franc libéré par la rationalisation de la dépense pourra être réorienté vers la modernisation des capacités sécuritaires, la coopération régionale en matière de paix, ou encore le soutien aux forces engagées dans la sûreté maritime du Golfe de Guinée. L’architectonique budgétaire proposée constitue ainsi une véritable base arrière, à partir de laquelle la République du Congo renforcera sa posture stratégique, fidèle à la vision du président Denis Sassou Nguesso qui fait de la paix et de la stabilité les pierres angulaires de la prospérité partagée.

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