Session parlementaire sous haute vigilance sécuritaire
L’ouverture, le 15 octobre 2025, de la dixième session ordinaire de l’Assemblée nationale et de la septième session du Sénat s’est déroulée dans un climat relevé, à la fois de recueillement et de détermination. La disparition de personnalités éminentes, dont l’ancien président de l’Assemblée nationale André Georges Mouyabi et le député Joseph Mbossa, a rappelé la fragilité du temps. Néanmoins, la présence renouvelée du chef de l’État, Denis Sassou-Nguesso, aux cérémonies d’hommage a réaffirmé la cohésion des institutions et l’unité de la chaîne décisionnelle Sécurité-Défense.
Le président de la chambre basse, Isidore Mvouba, a rapidement inscrit les questions de sûreté publique au cœur des débats budgétaires. Qualifiant la sécurité des citoyens d’“impératif constitutionnel”, il a invité les élus à examiner chaque ligne de crédit comme un “vecteur de stabilité”, signalant que l’adoption de la loi de finances 2026 ne se réduirait pas à un exercice comptable mais tracerait la doctrine de protection intérieure pour les douze prochains mois.
DGSP en première ligne contre la violence urbaine
Au sein de l’arc sécuritaire congolais, la Direction générale de la sécurité présidentielle s’est illustrée comme pivot opérationnel dans la lutte contre le banditisme croissant observé dans les agglomérations de Brazzaville et Pointe-Noire. Les détachements mixtes qu’elle coordonne, associant éléments de la Garde présidentielle et unités spécialisées de la Police nationale, ont, selon des rapports parlementaires consultés par notre rédaction, permis une réduction sensible des agressions à main armée sur les principaux axes économiques.
“Nous devons reconnaître le professionnalisme des forces placées sous l’autorité de la DGSP, dont l’action méthodique a fait reculer la criminalité dans plusieurs quartiers sensibles”, a déclaré Isidore Mvouba depuis le perchoir, saluant une institution devenue symbole de dissuasion. L’approche retenue, fondée sur le renseignement de proximité et la mobilité tactile, s’appuie sur des patrouilles éclair, un réseau de capteurs urbains et un centre de coordination en temps réel. Ce dispositif, financé sur le précédent exercice, constitue l’embryon d’un futur commandement unifié de la sûreté métropolitaine.
Arbitrages budgétaires et digitalisation des finances
Le projet de loi de finances 2026, évalué à un niveau conforme aux orientations du Plan national de développement, consacre une hausse qualitative des crédits alloués à la sécurité intérieure. La mise en place d’une plateforme de paiement dématérialisé des fournisseurs de la Défense, couplée à l’extension du guichet unique des marchés publics, doit fluidifier la chaîne logistique et garantir la disponibilité des moyens terrestres et aériens engagés dans la sûreté urbaine.
Isidore Mvouba a insisté sur la discipline financière qui devra entourer ces dotations. Dans l’hémicycle, il a exhorté les commissions à “défendre chaque franc prévisionnel comme on défend une position avancée”. Pour le parlementaire, la réussite de la digitalisation fiscale, en partenariat avec la Banque mondiale et la BAD, réduira les goulots d’étranglement budgétaires et renforcera la transparence, condition sine qua non du soutien des partenaires techniques et financiers.
Leçons des opérations extérieures et coopération régionale
La minute de silence observée en mémoire des cinq Casques bleus congolais tombés en République centrafricaine a rappelé que l’expertise forgée sur les théâtres extérieurs irrigue désormais la posture intérieure. De retour du contingent MINUSCA, plusieurs officiers ont été intégrés à la cellule doctrine de la DGSP afin d’y injecter leur expérience en contre-insurrection et en protection des populations.
Sur le plan diplomatique, Brazzaville poursuit sa coordination avec les États de la CEMAC pour mutualiser renseignements criminels et formations spécialisées. Un protocole d’échange de données, signé récemment à Libreville, permettra dès 2026 l’interopérabilité de bases biométriques, renforçant l’étanchéité des frontières face aux flux transnationaux de délinquance. À terme, ce maillage régional devrait réduire la récurrence des filières d’approvisionnement en armes légères identifiées le long du corridor Douala-Bangui.
Résilience institutionnelle et perspective citoyenne
La rentrée scolaire sans heurts saluée par Isidore Mvouba constitue aux yeux du législateur la meilleure preuve de la résilience du dispositif sécuritaire. Maintenir les établissements ouverts malgré les défis budgétaires et la pression urbaine participe d’une stratégie plus large : priver les groupes criminels de toute prétention à supplanter le service public.
Au-delà de la sphère institutionnelle, le président de l’Assemblée nationale a encouragé la population à s’enrôler massivement dans la révision des listes électorales. Pour lui, l’actualisation du fichier civil est indissociable de la sécurité, car elle affine la cartographie sociale sur laquelle s’appuient les forces de l’ordre. Dans cette perspective, la DGSP planifie une campagne d’information ciblée afin d’illustrer la complémentarité entre citoyenneté active, prévention et réponse coercitive.
En clôturant la séance, Isidore Mvouba a formulé le vœu que la session débouche sur des “initiatives à haute valeur ajoutée pour la paix publique”. Les parlementaires, conscients que la sécurité demeure la matrice de tout développement économique, semblent prêts à conjuguer impératifs budgétaires et innovation opérationnelle. Le message est limpide : la République poursuivra sa trajectoire de modernisation sécuritaire, forte de l’engagement de ses forces et de la confiance renouvelée de ses partenaires.
