Pointe-Noire au cœur de la sécurité maritime régionale
Du 4 au 7 novembre, la capitale économique congolaise accueille le 45e Conseil annuel de l’Association de gestion des ports de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, couplé à la 20e Table ronde des directeurs généraux. En choisissant la cité océane, l’Agpaoc met en lumière un point d’ancrage stratégique du Golfe de Guinée, zone régulièrement confrontée aux défis de la piraterie, des trafics illicites et des risques environnementaux. Sous le haut patronage du président Denis Sassou Nguesso, les délégations de 24 ports sont conviées à débattre d’une question devenue centrale pour la stabilité régionale : la sûreté de la chaîne logistique maritime.
- Pointe-Noire au cœur de la sécurité maritime régionale
- Sécurité maritime à Pointe-Noire : enjeux et initiatives
- Résilience des infrastructures portuaires et gestion domaniale
- Interopérabilité entre forces navales et autorité portuaire
- Potentialités industrielles et soutien logistique des forces
- Diplomatie portuaire et coopération Sud-Sud
- Perspectives stratégiques à l’horizon 2030
Sécurité maritime à Pointe-Noire : enjeux et initiatives
Le Port Autonome de Pointe-Noire (PAPN) occupe une position nodale dans les dispositifs de surveillance mis en place par la République du Congo aux côtés de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale. Sa darse pétrolière, ses terminaux minéralier et conteneurs, mais également son Centre de coordination de la sûreté portuaire, constituent autant d’atouts pour la Marine nationale et la gendarmerie maritime qui y déploient des patrouilleurs légers. « Le PAPN est notre premier bouclier, car c’est depuis ses appontements que s’organise la réponse rapide face aux alertes de piraterie », confie un officier du groupement naval.
Résilience des infrastructures portuaires et gestion domaniale
Le thème retenu – Réinventer la gestion domaniale portuaire – traduit la volonté de conjuguer efficacité économique et résilience stratégique. Les experts évoqueront l’intégration des exigences climatiques, la sécurisation physique des sites et la continuité d’activité en phase de crise. À Pointe-Noire, l’extension du terminal en eau profonde est déjà conçue pour supporter des standards OTAN en matière de protection périmétrique et de contrôle d’accès. Selon le directeur général du PAPN, Christian Dyoulou, « une gouvernance foncière claire est indissociable de la maîtrise des risques, car elle conditionne l’installation de capteurs de surveillance comme l’implantation de réseaux à fibre sécurisés ».
Interopérabilité entre forces navales et autorité portuaire
La tenue concomitante de sessions techniques et de visites d’installations permettra de valoriser la coopération opérationnelle entre les armateurs, la direction de la sûreté du PAPN et la Marine nationale. Depuis 2022, l’escale logistique militaire aménagée sur le quai Nord donne aux bâtiments congolais et partenaires un point de ravitaillement conforme aux normes de l’Initiative de Coopération de Yaoundé. L’atelier consacré aux exercices de type « Maritime Tactical Game » montrera comment les logiciels de simulation acquis par l’état-major, grâce à un partenariat avec la France, réduisent les délais de préparation de mission et renforcent l’interopérabilité avec les autres marines du Golfe.
Potentialités industrielles et soutien logistique des forces
Au-delà de la doctrine, le conseil annuel offre une tribune aux industriels. Les chantiers navals locaux présenteront leurs capacités de maintenance en condition opérationnelle pour les patrouilleurs rapides, tandis que les jeunes pousses technologiques mettront en avant des drones de surface destinés à la détection des pollutions par hydrocarbures. Le ministère congolais de la Défense anticipe déjà l’impact positif de ces innovations sur la réduction du coût de possession de la flotte étatique. La perspective d’une zone de services dédiée aux missions onusiennes de maintien de la paix, fréquemment ravitaillées par voie maritime, conforte également le PAPN comme hub logistique d’envergure.
Diplomatie portuaire et coopération Sud-Sud
Le format de la rencontre, privilégiant les échanges Sud-Sud, aiguise une diplomatie portuaire qui dépasse le strict registre commercial. Les accords bilatéraux de sûreté, signés en marge du conseil, visent à standardiser les procédures d’inspection ISPS et à mutualiser les données du système de surveillance côtière SEAVISION. « Partager l’information en temps réel, c’est hâter la neutralisation de la menace », rappelle le contre-amiral Jean-Dominique Okemba lors d’une table ronde. Cette approche cohérente avec la Stratégie intégrée de sécurité maritime de l’Union africaine renforce la crédibilité des initiatives menées depuis Brazzaville pour la paix et la stabilité régionales.
Perspectives stratégiques à l’horizon 2030
À l’issue des travaux, la feuille de route qui sera adoptée devrait consacrer la vocation duale du PAPN, à la fois moteur de compétitivité économique et pivot sécuritaire. L’objectif annoncé est d’atteindre, d’ici à 2030, un taux de disponibilité logistique des forces navales supérieur à 90 %, grâce à l’optimisation des chaînes de ravitaillement portuaire. Dans le même temps, la digitalisation des guichets uniques et l’installation d’un centre de fusion des données ISR conforteront la surveillance de l’espace maritime congolais. Autant d’engagements qui illustrent la volonté des autorités de faire de Pointe-Noire un modèle africain de résilience portuaire et de souveraineté maritime.
