Session budgétaire et souveraineté sécuritaire
Au Palais des Congrès, le marteau retentissant du président Pierre Ngolo a ouvert une session budgétaire que le Sénat qualifie lui-même de « moment clé » de la vie démocratique congolaise. L’exercice ne se résume pas à l’allocation de chiffres ; il engage la souveraineté sécuritaire du pays. Dans un contexte régional marqué par la recrudescence des trafics transfrontaliers et des menaces hybrides, chaque ligne budgétaire se lit dorénavant comme un acte de défense anticipée. Le parlement doit calibrer des ressources qui, demain, soutiendront les patrouilles fluviales du Kouilou, la modernisation du réseau de vidéosurveillance de Brazzaville et la disponibilité des unités antidrones dans le corridor pétrolier de Pointe-Noire.
Discipline parlementaire au service de la défense
En insistant sur la rigueur et la discipline, Pierre Ngolo réaffirme que la première ligne de défense commence par la bonne gouvernance. L’absence de complaisance vis-à-vis des « antivaleurs » – népotisme, corruption ou laxisme – se veut la condition préalable à l’efficacité opérationnelle des forces. Il s’agit, pour reprendre ses termes, de ne laisser « aucune place » aux pratiques qui minent l’allocation optimale des crédits de fonctionnement, de maintenance et de renseignement. Car une armée ou une police financée sans contrôle perd en cohésion autant qu’en crédibilité, tandis qu’un budget tracé avec rigueur conforte la confiance des partenaires régionaux et multilatéraux prêts à appuyer la République du Congo sur les dossiers de sûreté maritime et de cybersécurité.
Lutte contre les « Bébés noirs » : approche intégrée
La multiplication des agressions perpétrées par des bandes de jeunes, tristement désignées sous les noms de « Bébés noirs » ou « Kulunas », rappelle que la criminalité urbaine n’est plus un phénomène marginal. Pour le président du Sénat, ces actes de barbarie traduisent un « effondrement du lien social » autant qu’une faille sécuritaire. La réponse préconisée est double : soutenir l’action déjà engagée par la Direction générale de la surveillance du territoire, qui conjugue renseignement de proximité, occupation du terrain et démantèlement des réseaux logistiques, tout en restaurant l’autorité éducative à travers des programmes de réinsertion civique. Dans cette perspective, les crédits budgétaires orientés vers la police technique, la gendarmerie et l’enseignement technique deviennent les deux faces d’une même médaille dont l’enjeu est la reconquête des quartiers populaires.
Pérenniser l’action des forces et exiger les moyens
Si Pierre Ngolo salue les opérations récentes qui ont permis de rétablir le calme dans plusieurs arrondissements, il n’en souligne pas moins la nécessité d’un financement durable. Les besoins identifiés portent sur la mobilité tactique – véhicules légers protégés pour les patrouilles rapides –, la dotation en moyens non-létaux destinés au maintien de l’ordre et le renforcement des capacités cyber pour contrer les coordinations criminelles via messageries chiffrées. La commission Défense et Sécurité du Sénat examinera, dans les prochaines semaines, un schéma pluriannuel de maintien en condition opérationnelle destiné à garantir la disponibilité des équipements au-delà des pics conjoncturels. Cette approche entend consolider la « rigueur de la République » invoquée par le président du Sénat, en évitant l’alternance stérile entre campagnes de répression ponctuelles et périodes de relâchement.
Cap sur 2026 : sécuriser le rendez-vous démocratique
La perspective de l’élection présidentielle de mars 2026 ajoute à l’exigence sécuritaire une dimension de stabilité politique. Dans un environnement numérique où la rumeur et la désinformation circulent à grande vitesse, la sécurisation du scrutin implique simultanément la protection physique des bureaux de vote et la défense informationnelle de l’espace public. Pierre Ngolo alerte contre les « injures, calomnies et intimidations » véhiculées, parfois à dessein, pour fragiliser la cohésion nationale. Il invite dès à présent les Congolais à s’inscrire sur les listes électorales afin de transformer la participation civique en barrière sociale contre la violence. Le législateur examine, de son côté, des dispositifs visant à doter les forces intérieures d’unités spécialisées dans la veille des réseaux sociaux, capables d’anticiper les bascules de la contestation vers la violence. La synergie entre surveillance stratégique, police judiciaire et sensibilisation citoyenne constitue, à l’horizon 2026, le socle d’une démocratie apaisée que le président Denis Sassou-Nguesso place au cœur de son credo pour la paix.
