Le cap présidentiel d’un espace aérien irréprochable
À l’occasion de la Journée internationale de l’aviation civile, célébrée le 7 décembre, la ministre des Transports, de l’Aviation civile et de la Marine marchande, Ingrid Olga Ghislaine Ebouka-Babackas, a rappelé l’ambition portée par le président Denis Sassou Nguesso : faire du ciel congolais un facteur de stabilité et de rayonnement. « Le transport aérien constitue un levier stratégique de mobilité, d’intégration régionale et de progrès économique », a-t-elle souligné devant un parterre de décideurs civils et militaires. En réaffirmant l’objectif d’un espace aérien « sûr, organisé, harmonisé et ouvert à toutes les nations », le gouvernement inscrit la sûreté aérienne au cœur du triptyque souveraineté, attractivité et sécurité nationale.
- Le cap présidentiel d’un espace aérien irréprochable
- Modernisation réglementaire et contrôle intégré
- Technologies duales : du radar primaire au satellite GNSS
- Sécurité intérieure : police des airs et douanes sous nouveau mandat
- Partenariats CEMAC pour la surveillance transfrontalière
- Innovation durable et résilience économique
Modernisation réglementaire et contrôle intégré
Porté par le Premier ministre Anatole Collinet Makosso, le plan de renforcement de la conformité aux normes de l’Organisation de l’aviation civile internationale fait figure de feuille de route. Il s’agit d’harmoniser les textes, de rationaliser les procédures de certification et de consolider la chaîne de contrôle allant de la planification des vols à la gestion des incidents. Les experts de la Direction générale de l’aviation civile travaillent désormais main dans la main avec l’état-major de l’armée de l’Air pour assurer une continuité opérationnelle sur la totalité du spectre aérien. Cette approche civilo-militaire intégrée permet d’optimiser l’emploi des radars, d’unifier les standards de communication et de fluidifier la coordination en cas d’urgence, qu’il s’agisse d’une crise sanitaire, d’une menace terroriste ou d’une catastrophe naturelle.
Technologies duales : du radar primaire au satellite GNSS
La sûreté du ciel congolais repose sur une architecture technologique en pleine métamorphose. Au-delà de la remise à niveau des radars primaires de Maya-Maya et de Pointe-Noire, un réseau ADS-B couvrant les principales voies aériennes est en cours de déploiement. L’intégration des signaux GNSS permet d’affiner la navigation, de réduire la consommation de carburant et d’abaisser les émissions de CO₂, répondant ainsi au thème onusien qui veut « faire de l’innovation le moteur d’un transport aérien plus efficace et plus durable ». Les forces aériennes, quant à elles, tirent parti de ces mêmes outils pour améliorer la connaissance de situation et accroître leurs capacités d’interception. Selon un officier supérieur, cette interopérabilité offre « une supériorité informationnelle décisive face aux trafics illicites et aux intrusions non identifiées ».
Sécurité intérieure : police des airs et douanes sous nouveau mandat
La lutte contre la contrebande, la fausse documentation et la circulation illicite de marchandises dangereuses mobilise désormais de nouvelles unités spécialisées. La police des frontières a été dotée d’un système biométrique harmonisé avec la base de données d’Interpol, tandis que les douanes aériennes reçoivent des scanners à rayons X de dernière génération. Les analystes du Service national de renseignement intérieur croisent ces flux de données avec ceux du contrôle aérien pour détecter les schémas anormaux. Dans les aéroports, la Brigade canine élargit son spectre de détection aux explosifs plastiques de nouvelle génération, en coopération avec une mission de formation française. Ce maillage renforce la posture de sécurité intérieure et consolide la confiance des compagnies internationales, préalable indispensable au développement de nouvelles liaisons et à l’implantation de hubs logistiques.
Partenariats CEMAC pour la surveillance transfrontalière
La dimension régionale est incontournable dans un environnement marqué par la porosité des frontières et la montée des trafics aériens non réguliers au-dessus du bassin du Congo. Brazzaville milite pour une mutualisation des moyens de surveillance avec les États membres de la CEMAC. Un accord de partage de données radar et météo est en négociation avancée, tandis qu’un manuel d’opérations binational a déjà été validé avec le Cameroun pour la gestion des évacuations médicales d’urgence. En inscrivant la sûreté aérienne dans la continuité des exercices multinationaux tels que « Africansky », les forces congolaises consolident leur crédibilité opérationnelle et affirment leur rôle de pivot dans la sécurité collective du Golfe de Guinée.
Innovation durable et résilience économique
Au-delà de la dimension sécuritaire, la modernisation de l’aviation civile congolaise est pensée comme un catalyseur de croissance. La digitalisation des procédures douanières réduit les coûts et accélère le passage des marchandises sensibles, notamment pour l’industrie pétrolière et minière. Les travaux d’extension de la zone cargo de Pointe-Noire ambitionnent de faire de la plate-forme un hub régional pour les pièces aéronautiques et le maintien en condition opérationnelle des aéronefs. Parallèlement, l’Institut national de l’aviation civile étoffe ses cursus, depuis la cyber-sûreté aérienne jusqu’à la maintenance des drones, afin de former une main-d’œuvre locale et de limiter la dépendance aux expatriés. Pour la ministre Ebouka-Babackas, « construire une aviation civile moderne, compétitive et résiliente, c’est offrir au pays un outil de souveraineté qui dialogue d’égal à égal avec les grandes puissances aéronautiques ». La trajectoire fixée confirme que la sûreté du ciel congolais est désormais indissociable de la prospérité économique et de la stature diplomatique de la République du Congo.
