Handball et esprit de défense
Au son du sifflet inaugural du gymnase Michel-d’Ornano, la Direction générale de la sécurité présidentielle a rappelé que la performance sportive peut être un prolongement naturel de l’esprit de défense. En s’imposant 21-8 face à l’Interclub, l’unité d’élite a confirmé une culture de la victoire nourrie par la discipline, la réactivité et la solidarité, autant de vertus que l’on retrouve dans la protection rapprochée du chef de l’État. Si le score donne la mesure du fossé technique, il ne dit pas tout de la finalité stratégique : créer un espace d’entraînement transversal où l’adrénaline de la compétition prépare les personnels à la pression des missions sensibles. Pour la DGSP, chaque passe réussie, chaque repli défensif, devient un micro-exercice de coordination, un laboratoire vivant de commandement sous stress, et un vecteur d’adhésion aux valeurs communes qui cimentent la chaîne sécuritaire nationale.
DGSP, creuset de cohésion interservices
En alignant dans la même formation agents de proximité, spécialistes du renseignement et personnels de soutien, la DGSP a transformé le parquet en creuset de cohésion interservices. L’entraîneur Oswald André Ntsoumou souligne volontiers que « l’équipe s’est bien exprimée », mais le propos dépasse la satisfaction sportive : il témoigne d’une méthode d’intégration minutieuse où la hiérarchie fonctionnelle s’efface momentanément au profit d’un objectif commun. Ce renversement symbolique, privilégiant l’apport individuel au collectif et la confiance horizontale, se répercute ensuite sur le terrain opérationnel, notamment lors des escortes présidentielles ou des déploiements de prévention anti-terroriste. Les communications radio gagnent en fluidité, la compréhension mutuelle s’affermit et l’esprit de corps s’enracine, autant d’atouts que les doctrines contemporaines considèrent désormais comme des multiplicateurs d’effet.
Condition physique et vigilance opérationnelle
Au-delà de la dimension morale, la préparation physique spécifique induite par la pratique du handball répond à une exigence de vigilance opérationnelle. Explosivité des démarrages, vision périphérique, gestion de la fatigue en environnement clos : autant d’aptitudes transférables à la protection d’autorités dans les espaces confinés, aux contrôles de foule ou aux escortes à cadence élevée. Les statistiques internes montrent d’ailleurs une baisse de 12 % des blessures musculo-squelettiques depuis l’adoption, en 2021, d’un programme combinant séances sur parquet et simulations tactiques. Ce résultat conforte les choix budgétaires de la loi de programmation de sécurité intérieure, laquelle alloue désormais une part explicite aux activités sportives de haute intensité. La DGSP devient ainsi un modèle d’optimisation des ressources, démontrant que l’investissement dans le capital humain réduit, à long terme, le coût du Maintien en condition opérationnelle des matériels comme des hommes.
Une diplomatie sportive à l’échelle régionale
La présence d’équipes venues de la République démocratique du Congo confère à la compétition une dimension de diplomatie sécuritaire informelle. Sur les bancs de touche, les échanges discrets entre cadres techniques esquissent les contours d’une coopération plus large, allant de l’échange de bonnes pratiques en matière de protection institutionnelle à la mutualisation de modules de formation antiterroriste. Dans un Golfe de Guinée où la sécurité collective devient impérative, ce « soft power » sportif permet d’aborder des questions sensibles sans protocole pesant, tout en façonnant une image d’ouverture constructive du Congo-Brazzaville. Le tournoi s’inscrit ainsi dans le prolongement des exercices CEMAC FOMAC dont l’objectif est de fluidifier l’interopérabilité des forces. En tissant des liens d’amitié sur le terrain de jeu, Brazzaville prépare la voie à des partenariats capacitaires, indispensables face aux menaces transfrontalières.
Consolidation des acquis pour la sécurité intérieure
À l’issue de la compétition, prévue pour s’achever le 22 décembre, la DGSP procédera à un retour d’expérience croisé avec la Police nationale et la Gendarmerie. Les enseignements porteront aussi bien sur la gestion logistique d’un événement multisites que sur la conduite morale des personnels. Cette capitalisation vise à structurer un modèle reproductible dans d’autres corps, notamment les unités cynophiles et les jeunes bataillons de cybersécurité qui recherchent également des vecteurs de cohésion rapide. Christelle Colombe Bouaka Milandou, coordinatrice de la Dynamique organisatrice, insiste : « Nous ne sommes pas ici pour gagner mais pour partager ». En traduisant cet esprit dans les procédures de sécurité intérieure, les autorités congolaises espèrent ancrer durablement une culture de la prévention, de la résilience et de l’excellence opérationnelle, gages de stabilité politique et de confiance diplomatique.
