Un arsenal législatif renforcé pour la résilience nationale
Le 18 décembre, sous le haut patronage du président de l’Assemblée nationale, les députés congolais ont adopté deux textes majeurs touchant directement à la sécurité humaine et environnementale : la révision de la loi portant création de l’Institut national de recherche forestière (IRF) et l’édiction de la loi fondatrice de l’Agence congolaise de radioprotection et de sûreté nucléaire (Acrsn). En harmonisant le cadre normatif avec les standards internationaux, l’hémicycle a posé un jalon essentiel dans la stratégie globale de résilience du pays, soutenue par le gouvernement du président Denis Sassou Nguesso. Les nouveaux dispositifs législatifs renforcent la prévention des risques, sécurisent les ressources vitales et confortent l’autorité de l’État dans des domaines à haute sensibilité stratégique.
- Un arsenal législatif renforcé pour la résilience nationale
- Recherche forestière : vecteur de souveraineté stratégique
- Radioprotection : une sécurité nucléaire à l’agenda national
- Synergies civilo-militaires et besoins opérationnels
- Gouvernance, financement et attractivité des talents
- Perspectives régionales et coopération internationale
Recherche forestière : vecteur de souveraineté stratégique
La forêt congolaise ne constitue pas seulement un réservoir de biodiversité ; elle représente également une ligne de défense naturelle contre les changements climatiques et un vivier économique pour les filières bois-énergie utilisées par les forces de défense et de sécurité déployées en zone isolée. En intégrant les plantations industrielles au périmètre d’action de l’IRF, le législateur a voulu lever les fragilités institutionnelles héritées de la disparition de l’ancienne Unité de recherche sur la productivité des plantations industrielles. « Ce qui était l’enjeu, c’est justement les plantations forestières », a rappelé le ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique, Rigobert Maboundou, devant la représentation nationale.
L’élargissement des compétences de l’IRF confère à l’institution une capacité accrue de planification et d’expérimentation, indispensable pour garantir aux unités du Génie militaire et aux sociétés parapubliques un approvisionnement durable en bois d’œuvre certifié. À terme, les innovations sylvicoles issues de la recherche permettront de consolider les infrastructures routières militaires dans les zones forestières, de soutenir la logistique humanitaire en cas de crise et de préserver les couloirs écologiques servant aux opérations de lutte anti-braconnage menées par la Gendarmerie nationale.
Radioprotection : une sécurité nucléaire à l’agenda national
La seconde loi adoptée, consacrant la naissance de l’Acrsn, s’inscrit dans un contexte international marqué par la diffusion croissante des technologies utilisant les rayonnements ionisants, de la médecine nucléaire à la prospection minière. En actualisant la loi de 2014 sur les sources radioactives, le Congo se dote d’un outil de gouvernance moderne capable de contrôler l’acquisition, l’entreposage et le transport de substances stratégiques susceptibles d’être détournées à des fins malveillantes. La nouvelle agence, placée sous la tutelle technique du ministère des Mines, veillera à la bonne application des prescriptions de l’Agence internationale de l’énergie atomique, condition sine qua non pour accéder aux programmes de coopération scientifique et sécuritaire.
Au plan intérieur, l’Acrsn constituera un appui précieux pour la Direction générale de la protection civile et pour les forces spécialisées NRBC des armées en charge de la défense radiologique. Par la mise en place d’un registre national des sources et d’un système de réponse rapide aux incidents, l’agence offrira des capacités d’alerte et de cartographie essentielles à la planification territoriale. Le dispositif est appelé à converger avec le Centre national d’alerte précoce, favorisant une posture intégrée face aux risques chimiques, biologiques et radiologiques.
Synergies civilo-militaires et besoins opérationnels
La dimension civilo-militaire de ces deux textes est manifeste. Sur le volet forestier, la recherche appliquée soutiendra la conception de matériaux composites bio-sourcés utilisables dans la construction des camps et la réduction de la signature thermique des abris mobiles. Sur le volet radiologique, la doctrine d’emploi des drones ISR armés de capteurs spectraux, actuellement testés par l’armée de l’air congolaise, trouvera un partenaire institutionnel pour la calibration des instruments de détection. Les laboratoires de l’IRF et de l’Acrsn pourront ainsi servir de bancs d’essais pour l’industrie nationale de défense émergente.
Le ministère de la Défense anticipe déjà l’intégration de modules de formation spécialisés au sein du Collège des hautes études stratégiques. Les officiers appelés à commander sur le terrain disposeront, grâce aux données de l’IRF, d’outils de modélisation des feux de forêt permettant d’optimiser la lutte anti-incendie dans les zones de manoeuvre. Parallèlement, les experts de l’Acrsn dispenseront des stages NRBC destinés aux détachements congolais engagés dans les opérations de maintien de la paix sous mandat onusien, rehaussant l’image de professionnalisme de nos contingents.
Gouvernance, financement et attractivité des talents
Le vote de ces lois soulève toutefois la question cruciale des ressources humaines. Rigobert Maboundou a reconnu devant les députés que nombre de chercheurs opérant dans les neuf instituts nationaux provenaient des universités Marien-Ngouabi et Denis-Sassou-Nguesso, sans statut clair au ministère. La perspective d’un cadre d’emploi spécifique, annoncée par le gouvernement, vise à fidéliser les talents et à éviter l’érosion des compétences vers le secteur privé ou vers l’étranger, enjeu majeur pour la sécurité des savoirs sensibles.
Sur le plan budgétaire, l’absorption des personnels du défunt Centre de recherche sur la durabilité et la productivité des plantations industrielles représente un effort financier appréciable, certaines rémunérations accusant jusqu’à cinquante mois d’arriérés. Le Parlement a néanmoins considéré que la régularisation des salaires constituait un investissement pour la paix sociale et la continuité d’activité. Du côté de l’Acrsn, le financement mixte prévoyant des redevances de contrôle et des dotations du Trésor entend garantir l’autonomie fonctionnelle nécessaire à des inspections impartiales, conformément aux bonnes pratiques internationales.
Perspectives régionales et coopération internationale
En consolidant la recherche forestière et la radioprotection, Brazzaville adresse simultanément les défis environnementaux, sanitaires et sécuritaires qui traversent l’Afrique centrale. Les nouveaux textes offrent une plateforme renforcée pour les partenariats CEMAC, notamment en matière de surveillance transfrontalière des forêts et de contrôle des sources scellées utilisées dans l’industrie pétrolière du Golfe de Guinée. À l’horizon 2030, l’IRF et l’Acrsn pourraient devenir des centres d’excellence régionaux, contribuant à l’influence scientifique de la République du Congo et à la stabilité de l’espace communautaire, conformément à la vision portée par le chef de l’État.
